Hier matin, soleil ! j'ai entrepris de planter des bulbes de narcisses et de jonquilles. Activité tranquille d'homme heureux. Le jardinage, c'est beaucoup de rêve : on imagine ce que vont devenir les graines, les plantes qu'on met en place. Nettoyer le terrain des multiples adventices, (on ne dit plus "mauvaises herbes" depuis la découverte stupéfiante de l'équilibre général des plantes, de la terre, des insectes) creuser une cavité au plantoir, y déposer le bulbe, la tête en l'air, s'il vous plaît, recouvrir, et attendre un mois ou deux la sortie des premières feuilles, puis les fleurs jaunes qui paradent fièrement en bravant le froid de février : c'est toujours un miracle !
Et voilà que soudain, whithout crying station (sans crier gare) une chanson surgit dans ma tête. Une chanson ? non, un refrain alors ? même pas, juste un mot, une suite de mots, un ensemble de mots étranges, déformés, qui menaient vers une piste caillouteuse, à peine distincte dans le fouillis des feuilles et des arbustes de la taïga. Et j'entrevois tout là bas, à l'horizon, une cabane mal fichue mais pleine de charme. Si bien qu'en visualisant en un éclair la chanson terminée, j'ai éclaté de rire: c'est tellement facile ! une nouvelle chanson ! un petit bouquet qui parle aussi de choses graves, mais sans aucune lourdeur, drôle et léger.
Mais je n'ai pas sauté sur mon cahier ou mon clavier. J'ai continué tout heureux mon plantage de bulbes, en me disant : tout est là, tout prêt, il n'y aura qu'à tirer le fil. L'après midi, je m'attelle à l'écriture, et là... Il faut déblayer de nouveau des tas de bazar, trouver les bons mots, qui ne naissent chez moi qu'avec la musique, le chemin qui semblait mener au but était tout embroussaillé et je me suis entendu dire "houlà, y a du taf !"
L'occasion de rappeler la sentence : "10 pour cent d'inspiration, 90 pour cent de transpiration". Exactement comme dans le le jardin.
Et voici une cette chanson qui fait partie du Vol 1 des Triolets. A t-elle donné lieu à des heures, des jours de recherche ? Une heure ? Un an ? Quinze ans ? Peu importe : elle est là.
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