Il m'est arrivé de traduire, ou plutôt d'adapter des textes de l'anglais (W.H. Auden...) ou de l'allemand (Bertolt Brecht, Goethe...). C'est toujours un exercice passionnant, qui exige patience, artisanat, virtuosité, humilité. Si par malheur on a décidé de conserver dans la traduction un système rimé, on traverse l'enfer froid de l'échec, an ifern yen, et chaud de la passion, car c'est passionnant !
J'ai découvert il y a plusieurs années un poème d'Emily Dickinson, affiché dans une rame de métro parisien pendant le mois de la poésie. Il m'a donné un petit coup à l'estomac, signe qui ne trompe pas, et comme je n'avais rien pour noter, je l'ai aussitôt appris par coeur. C'est vrai, il n'est pas bien long ! mais j'étais heureux de mettre ma mémoire à l'épreuve vu que dans l'ensemble, elle est plutôt boiteuse.
Quand j'ai recherché sur le web l'original de ce texte, j'en ai trouvé plusieurs traductions. Je vous laisse juges.
Water is taught by thirst
Land - by the ocean passed
Transport - by throe -
Peace - by it's battle told -
Love, by Memorial Mold
Birds, by the snow
On apprend l'eau - par la soif
La terre - par les mers qu'on passe
L'exaltation - par l'angoisse -
La paix - en comptant ses batailles -
L'amour - par une image qu'on garde
Et les oiseaux - par la neige
On apprend l'eau par la soif
La terre par les voyages en mer
La passion par les affres
La paix par les récits de guerre
L'amour par la mort
Les oiseaux par l'hiver
L'Eau, c'est par la soif qu'on la sait. Le Sol — par l'Océan passé. L'Envolée — par le piège — La Paix — par ses récits de lutte — L'Amour, par le Marbre d'un Buste — Les Oiseaux, par la Neige.
Aucun n'est totalement satisfaisant, aucun ne reproduit l'impact du texte anglais dans sa brièveté, surtou par l'absence d'article, ce que le français ne permet pas. Chacun a ses qualités et ses défauts...J e préfère le deuxième, même s'il n'est pas le plus fidèle, sans doute parce que c'est lui qui m'a ému dans le métro. Et comme il rime, je l'ai mis en musique. Je vous le proposerai... un jour.
Merci aux traducteurs, inconnus, et à Emily, disparue.
PS : je vais reproduire ici certains articles de mon overblog. Celui-ci en fait partie.
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